Démotivation au travail : faut-il partir ou rester ? Huit étapes pour faire son autodiagnostic
Marie-Pierre Noguès-Ledru, publié le
Hélène Montaigu, coachEn temps de crise, la démotivation guette, mais les opportunités de changer de job, elles, se font rares. Entre résignation frustrée et démission intempestive, c’est peut-être le moment de vous livrer à une analyse rigoureuse de votre situation professionnelle. Voici la démarche proposée par Hélène de Montaigu, coach en stratégie de carrière et développement professionnel.
1. Commencez par reconnaître votre mal être Le matin, vous partez au bureau en traînant les pieds. Tout vous semble compliqué à gérer, votre patron et vos collègues vous agacent, vous ne vous sentez plus créatif. Vous ressentez un mal-être où se mêlent déception frustration, mais aussi peurs, colère ou ressentiment, angoisse diffuse. La première chose à faire est de reconnaître ce malaise et les émotions associées, et, si c’est possible, d’en parler à quelqu’un de confiance. Cela vous soulagera d’un grand poids et vous permettra de commencer à prendre un certain recul par rapport à votre situation. Car le danger, dans des périodes de creux, est de tomber dans l’agressivité ou le repli sur soi qui vont vous desservir à l’intérieur de l’entreprise. Pour dépasser cette période difficile, il faut donc commencer par accepter de la traverser, sans se culpabiliser ni s’autoflageller. » Je suis mal en ce moment, cela peut arriver, mais je vais trouver des solutions pour m’en sortir car j’ai des talents. »
2. Donnez vous du temps pour vous
L’objectif est de desserrer la contrainte qui pèse sur vous au bureau. Pour ne pas vous engluer dans le mal-être, prenez du temps pour vous et faites des choses qui vous font plaisir. C’est essentiel pour retrouver un état de sérénité nécessaire pour mener une analyse objective de la situation et faire votre auto-diagnostic.
3. Comparez avec une situation déjà vécue
Vous avez peut-être déjà connu, dans le passé, des situations similaires. Quel était le contexte ? Quelles actions aviez-vous entreprises pour vous en sortir ? Il est important de se rappeler qu’on a pu être acteur de changement dans le passé… pour réaliser qu’on peut l’être encore aujourd’hui.
4. Analysez objectivement la situation…
Commencez par faire une description de poste aussi objective que possible : » Quelle est ma mission ? À qui je rapporte, aux plans hiérarchique et fonctionnel ? Quel est mon périmètre d’action ? « Demandez vous aussi pourquoi on vous a choisi pour ce poste ? Et vous, pourquoi vous l’avez accepté ? Au-delà du salaire et de la carrière, il est important de préciser les raisons profondes qui vous ont fait dire oui (élargissement des compétences, utilité sociale, relationnel enrichissant…), afin de vérifier si ces sources de satisfaction existent encore dans l’environnement actuel.Listez aussi les inconvénients du poste. En étiez-vous conscient au départ ? Sont-ils rédhibitoires aujourd’hui ? Posez vous aussi la question en termes de relations de travail : » Avec qui j’aime et je n’aime pas travailler ? Avec qui aimerais-je travailler ? « Cette étape va vous permettre de regarder de façon lucide votre job et de sortir de l’interprétation ou du jugement.
5. … Et l’évolution de votre poste
Efforcez-vous aussi de retracer les grandes phases du déroulement de votre job depuis que vous l’occupez. Identifiez les échecs et les succès marquants : en quoi y avez-vous contribué ? Regardez aussi les événements extérieurs qui se sont imposés et avec lesquels il a fallu composer. Y a-t-il eu des conflits et des dysfonctionnements qui en ont découlé ?Vous devriez ainsi identifier les origines du malaise que vous ressentez aujourd’hui… et peut-être les relier à certains de vos comportements ?Ces deux étapes d’analyse (les points n° 4 et 5) sont fondamentales pour bien aborder la suite de votre carrière, quelle qu’elle soit.
6. Mesurez vos ressources
Regardez objectivement les ressources dont vous disposez : temps disponible, situation familiale, ancienneté dans le job, ressources financières, compétences, expertise, mais aussi qualités personnelles.Essayez de lister ce qu’on apprécie en vous, ces » plus » (humanité, leadership…) qui font votre valeur ajoutée, au-delà de vos compétences techniques. Evaluez aussi la qualité et l’étendue de votre réseau, en interne comme en externe (anciens d’école, groupes professionnels…). Si vous connaissez des chasseurs de têtes ou des consultants en outplacement, contactez-les afin de connaître votre valeur sur le marché.
7. Avancez par étape et par objectif
Pour rester réaliste et ne pas vous décourager, fonctionnez par étape. Fixez vous un temps quotidien pour prendre du recul : un quart d’heure chaque jour pour noter ce qui s’est passé dans votre journée, les faits, vos réactions et votre comportement… c’est déjà très bien.Donnez vous du temps (plusieurs mois sont nécessaires) avant de prendre la décision finale. Si vous n’avez pas respecté vos objectifs, ne vous culpabilisez pas mais demandez vous pourquoi, et tentez de prendre les mesures correctives.Fixez-vous aussi des objectifs concrets dans votre quotidien au travail : ne pas s’énerver en réunion, ne pas interpréter, mais rester dans le factuel, etc. Cela vous aidera si vous vous sentez vraiment en situation de fragilité.
8. Changez de posture
Au terme de cette longue réflexion, vous devriez être en mesure de pouvoir répondre à cette question : » Qu’est-ce que je veux pour moi aujourd’hui ? Comment je me vois dans six mois ou dans un an, et comment je vais y arriver ? « L’idée est de sortir de la contrainte ( » Je dois/je ne dois pas « ) pour raisonner en termes d’envie : ( » Je veux/je ne veux pas « ). Peut-être réaliserez vous que vous n’avez pas envie de quitter votre entreprise. Que pouvez vous faire alors pour vous sentir mieux dans votre poste ? Proposer de nouveaux projets à votre hiérarchie, changer quelque chose dans la façon de travailler de votre équipe, ou peut-être essayer de progresser personnellement (communication, mode de management). La solution passe peut-être par un changement de poste en interne ? Ou en externe ? Quelle que soit l’issue de cette réflexion, cet auto-diagnostic vous mettra dans une dynamique positive et constructive.